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Redonner du sens à la colère : au-delà d’une « mauvaise émotion », une boussole intérieure

derrière la colère

Quand on parle de colère, on la décrit souvent comme une émotion « négative » — quelque chose à réprimer si l’on veut être perçu comme équilibré, calme ou une « bonne personne ». Beaucoup d’entre nous ont grandi en entendant : « Ne sois pas en colère. »

Pourtant, la réalité est que la colère n’est pas quelque chose que nous choisissons consciemment. Elle surgit soudainement, souvent à l’improviste. Et puisque nous ne la choisissons pas, il est peut-être plus utile de voir la colère non comme un défaut à éviter, mais comme un signal — un message porteur d’informations utiles sur notre relation aux autres et à nous-même.

Le vrai problème n’est pas de ressentir de la colère ; il réside dans la manière dont nous gérons cette colère une fois qu’elle apparaît. Quand nous intériorisons l’idée que la colère est « mauvaise », elle s’accompagne souvent de honte et de culpabilité, ce qui accentue l’inconfort et la tension. Ce conflit intérieur n’efface pas la colère — il l’alimente au contraire, rendant les réactions impulsives ou destructrices plus probables.


Ce qui se cache derrière la colère

Si nous prenons le temps de faire une pause plutôt que de réagir immédiatement, nous pouvons nous demander : Qu’y a-t-il vraiment derrière ma colère ? Le plus souvent, la colère masque d’autres émotions ou des besoins non satisfaits :

  • L’anxiété et le stress : La colère peut être la façon qu’a le corps de relâcher une pression accumulée, comme un volcan qui entre en éruption. Les soucis et le stress génèrent un surplus d’énergie qui doit tôt ou tard s’évacuer.

  • La tristesse et le chagrin : Parfois, une douleur profonde ou une tristesse inexprimée se manifeste par la colère, car il est trop lourd de la porter en silence.

  • L’injustice : La colère peut signaler que nous avons été lésés, exploités ou blessés émotionnellement. Dans ces cas-là, il ne s’agit pas de vengeance, mais du besoin d’exprimer une douleur et de voir cette douleur reconnue.


La colère peut également être une force de changement positif. Des figures comme Martin Luther King Jr. et Gandhi ont transformé leur colère face à l’injustice en moteur de résistance non violente et de transformation sociale. Leur colère n’était pas destructrice, mais porteuse de sens. Nous voyons la même chose aujourd’hui avec les personnes qui manifestent pour le changement social et contre les injustices politiques — leur colère devient une voix collective qui réclame reconnaissance, justice et dignité.


Quand la colère est mal dirigée

Il arrive aussi que la colère soit déplacée. Nous pouvons nous en prendre à une personne qui n’est pas vraiment en cause, ou retourner notre colère contre nous-mêmes. C’est pourquoi comprendre la véritable origine de la colère est essentiel pour notre bien-être émotionnel. Ce n’est qu’en identifiant sa source que nous pouvons y répondre de manière plus saine et constructive.


Comment gérer sa colère de manière constructive

La prochaine fois que vous sentez la colère monter, prenez une pause et demandez-vous :

  • De quoi cette colère parle-t-elle vraiment ? D’anxiété, de tristesse, d’injustice, ou d’une combinaison des trois ?

  • Est-ce que je dirige ma colère vers la bonne source ? Ou bien suis-je en train de la déplacer ?

  • Que puis-je faire de cette colère pour soutenir mon bien-être émotionnel, plutôt que de me nuire ou de nuire aux autres ?

Cet exercice d’introspection est l’une des stratégies les plus efficaces de gestion de la colère. Il transforme la colère d’une réaction explosive en une occasion de mieux se comprendre et d’évoluer.


En résumé, la colère en elle-même n’est pas l’ennemie. Lorsqu’elle est niée ou réprimée, elle nous fait du mal. Mais lorsqu’elle est comprise, elle devient une boussole — indiquant nos besoins non satisfaits, nos blessures non guéries, ou nos limites à protéger.

Alors, la prochaine fois que vous sentez la colère monter, ne cherchez pas à la repousser trop vite. Prenez plutôt une respiration et écoutez-la. Vous pourrez alors décider quoi faire des informations que cette colère vous apporte.

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