D’un Réflexe Impulsif à une Réponse Stratégique : une Conversation en Thérapie (*)
- Anne-laure Renard
- 15 sept.
- 3 min de lecture

Un autre client entre pour sa séance. Il partage sa frustration :« Je veux arrêter de réagir impulsivement dans certaines situations. Cela me crée des problèmes au travail et dans mon mariage. Quand je me sens critiqué, je me mets à attaquer. Au fond de moi, je sais très bien que je devrais réagir autrement. La plupart du temps, je ne suis pas vraiment agressé — je reçois simplement un retour. Mais je n’arrive pas à agir comme je le voudrais. Ensuite, je culpabilise, ce qui me rend encore plus en colère contre moi-même et encore plus prêt à exploser. »
Puis il pose la question que beaucoup d’entre nous se sont déjà posée :« Que dois-je faire ? Je ne veux plus me sentir comme ça. »
Comprendre le fonctionnement des émotions
Je lui explique que les émotions surgissent automatiquement. Elles sont déclenchées par une combinaison de signaux internes et externes : expériences passées, croyances, état du corps, et facteurs environnementaux. On ne peut pas empêcher les émotions d’apparaître — mais on peut apprendre à changer la manière dont on y réagit.
Avec le temps, il est possible de réduire l’intensité de certaines émotions en analysant et en travaillant sur les déclencheurs eux-mêmes. Mais avant d’en arriver là, la première étape est de développer des stratégies efficaces de régulation émotionnelle.
Ainsi, les émotions continuent de nous apporter des informations précieuses, mais elles ne dictent plus notre comportement. Au lieu d’être entraîné par l’émotion, nous apprenons à faire une pause, à réfléchir, et à choisir la réponse la plus adaptée à la situation.
Choisir sa réponse plutôt que d’être mené par l’émotion
Être stratégique avec ses émotions ne signifie pas les ignorer. Cela veut dire y répondre d’une manière adaptée au contexte :
Si la colère surgit lors d’une réunion, je peux décider que garder le silence et mon calme m’apportera plus qu’un éclat de voix.
Avec mon adolescent, je peux choisir d’exprimer mon mécontentement — mais de manière constructive plutôt que dans la dureté.
Le pouvoir réside dans cette prise de conscience : nous pouvons choisir notre réponse, au lieu de laisser l’émotion choisir pour nous.
Par où commencer : la pratique de la pause
« Ça a l’air bien », dit mon client, « mais comment faire concrètement ? »
La première étape est simple en théorie, mais puissante en pratique : faire une pause et calmer le système nerveux.Quelques respirations lentes et profondes suffisent à créer l’espace nécessaire. Quand le corps s’apaise, l’esprit peut suivre.
Ensuite vient le fait de nommer l’émotion. Se dire : « C’est de la colère » ou « Je me sens blessé » crée une distance. Cela envoie au cerveau le signal que nous observons l’émotion plutôt que de nous y noyer.
Enfin vient l’étape stratégique : se poser des questions comme :
Que veut me dire cette émotion ?
Quelle réponse me serait la plus utile dans ce moment précis ?
Ce processus transforme l’émotion d’une force qui nous prend en otage en un guide qui nous informe.
Mise en pratique
« D’accord, ça a du sens », répond mon client. « Essayons ensemble. »
Et c’est exactement ce que nous avons fait : nous avons pratiqué la pause, la respiration, la nomination et l’exploration. Pas à pas, il a commencé à voir comment les émotions pouvaient passer du statut d’ennemis à celui d’alliés.
Nous ne pouvons pas éviter les émotions, et nous ne devrions pas chercher à le faire. Elles nous apportent une information importante. Mais en passant du mode réactif au mode stratégique, nous pouvons cesser d’être gouvernés par nos émotions et commencer à les utiliser comme des outils de croissance, de connexion et de prise de décision plus éclairée.
(*)Note : La conversation partagée ici est un exemple fictif, inspiré de thèmes fréquents en thérapie. Elle a pour seul but d’illustrer des concepts et ne décrit aucune personne en particulier.



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