Coincés dans le même cycle? (et comment le dépasser)
- Anne-laure Renard
- 27 août
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 août

Un couple franchit la porte de mon cabinet.Ils m’expliquent que, la plupart du temps, ils parviennent à discuter de façon rationnelle. Mais lorsqu’ils sont fatigués, stressés ou émotionnellement tendus, la conversation s’enflamme rapidement—et ils finissent frustrés l’un envers l’autre.
Elle, ce qu’elle souhaite avant tout, c’est résoudre le conflit, pas avoir raison. Pour elle, un désaccord prolongé est synonyme de déconnexion avec son partenaire, ce qui ravive son insécurité. Alors elle insiste, espérant retrouver de la proximité.
Lui, en revanche, se sent de plus en plus submergé par son insistance. Pour éviter l’explosion, il préfère prendre du recul, se calmer et reprendre la discussion plus tard. Mais pour elle, ce retrait ressemble à de l’évitement—ou pire, à un rejet ou une punition par le silence.
Ce malentendu alimente l’escalade. Elle se sent abandonnée, il se sent acculé, et la distance grandit entre eux. Parfois, les mots dépassent la pensée ; parfois, c’est le silence qui s’installe. Après plusieurs jours de tension, ils se réconcilient parce qu’ils s’aiment—mais restent sur leurs gardes, conscients que le cycle se répétera.
Cela vous semble familier ?C’est ce que Greenberg et Johnson—les fondateurs de la thérapie centrée sur les émotions (EFT)—appellent le cycle du poursuivant et du distanciant. Inspiré de la théorie de l’attachement, le « poursuivant » reflète souvent un style d’attachement anxieux, marqué par la peur de la déconnexion, tandis que le « distanciant » se rapproche d’un style d’attachement évitant, animé par la peur du conflit. Non résolu, ce schéma est fréquent—et constitue l’une des principales causes de séparation ou de divorce.
Comment le changement se produit

La première étape consiste à identifier le schéma et le rôle de chacun dans ce cycle. Cela permet de passer du blâme à la compréhension. Les partenaires découvrent ainsi comment l’escalade survient : chacun a besoin du soutien émotionnel de l'autre, et aucun ne parvient à l’offrir, car trop submergé par ses émotions. Au lieu d’exprimer leur vulnérabilité et leur besoins, l’un critique, tandis que l’autre se retire.
La deuxième étape est le partage des émotions profondes. Sous la colère, les reproches ou le silence se cachent souvent la peur, la douleur ou la tristesse. Lorsque chacun exprime ces émotions sous-jacentes, l’autre prend conscience qu’il n’y a pas d’intention de nuire—seulement de la souffrance et un désir de proximité. Cela ouvre la voie à la compassion.
La dernière étape est de consolider de nouvelles façons de se relier : répondre de manière à créer de la sécurité, de la connexion et de l’apaisement mutuel. Avec de la pratique, les couples apprennent à reconnaître plus tôt les déclencheurs, à interrompre l’escalade et à renforcer leur lien affectif.
Sources:
Carr, A. (2025). Couple therapy and systemic interventions for adult‐focused problems: The evidence base. Journal of Family Therapy, 47(1), e12481.
Dailey, J., Timulak, L., Goldman, R. S., & Greenberg, L. S. (2024). Capturing the change: a case study investigation of emotional and interactional transformation in emotion-focused therapy for couples. Person-Centered & Experiential Psychotherapies, 23(1), 1-19.
Huerta, P., Edwards, C., Asiimwe, R., PettyJohn, M., VanBoxel, J., Morgan, P., & Wittenborn, A. K. (2023). Exploratory analysis of pursue-withdraw patterns, attachment, and gender among couples in emotionally focused therapy. The American Journal of Family Therapy, 51(1), 57-75.
Johnson, S. (2008). Hold me tight: Seven conversations for a lifetime of love. Hachette UK.
Johnson, S. M. (2019). Attachment theory in practice: Emotionally focused therapy (EFT) with individuals, couples, and families. Guilford Publications.
Mendoza, A., & Leeth, C. K. (2025). A Relational Approach to Emotionally Focused Therapy. The Family Journal, 10664807251318969.
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